Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) se caractérise par des pensées intrusives qui tombent dessus, connues sous le nom d'obsessions. Celles-ci provoquent une anxiété parce que la personne ne les tolère pas bien. C'est comme si la présence même de ces pensés lui est insupportable. Si la personne tolérait d'avoir ces pensées, elle vivrait mieux sa vie. Plus les pensées tournent autour de sujets difficiles (sexualité, mort, etc.), plus c'est intense. Les rituels de comportements répétitifs, appelés compulsions, permettent d'apaiser partiellement cette anxiété. Les études cliniques ont montré que la combinaison de la thérapie et des médicaments montre de meilleurs résultats que la thérapie seule ou les médicaments seuls. Le traitement combiné dure habituellement deux années. Toutefois, pour de nombreux patients, il est possible que le suivi doive durer plus longtemps que cela.
Quels sont les traitements pour le trouble obsessionnel compulsif ?
Les thérapies comportementales et cognitives (TCC)
Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont parmi les traitements les plus efficaces pour les troubles obsessionnels compulsifs. Elles visent à modifier les pensées irrationnelles qui causent l'anxiété. La première étape est d'accepter que des pensées nous traversent, quelles qu'elles soient, et que ce n'est pas un drame en soi, encore moins une réalité.
Exemple : je peux être traversé par une pensée obsessionnelle comme "Et si je n'ai pas fermé le robinet en sortant ? Mon chat pourrait se noyer !". Si je dramatise cette pensée, je vais imaginer que mon chat risque réellement de mourir par ma faute. Le caractère insupportable de cette pensée va me donner envie de vérifier avant de partir que j'ai effectivement fermé les robinets. Il vaut mieux accepter que cette pensée me traverse, et ce n'est qu'une pensée. Et surtout, réfléchir en termes de probabilité. Si je n'ai jamais oublié de robinets ouverts, il y a très peu de chances que cela m'arrive vraiment. En revanche, si je suis étourdi et ai déjà oublié le robinet ouvert plusieurs fois, alors effectivement le fait de vérifier a un sens réel. Dans ce cas, une seule vérification suffit !
L'autre aspect des TCC est la partie comportementale. L'intention est de supporter de ne plus faire les rituels, ou alors une seule fois, en pleine conscience. Pour cela, c'est utile de s'entraîner à la méditation d'observation des cinq sens.
Exemple : observez la pièce autour de vous, là, maintenant, ce que vous voyez, ce que vous entendez, ce que votre nez send, ce que votre langue sent. Faites cet exercice tous les jours plusieurs fois par jour, pour augmenter votre niveau de conscience en temps réel et donc à l'avenir faire votre rituel de vérification davantage en pleine conscience aussi.
Les médicaments utilisés dans le traitement des TOC
Les médicaments qui ont montré un rôle utile dans la diminution de l'intensité du trouble sont de la famille des antidépresseurs. Parmi eux, plusieurs molécules différentes peuvent être utilisées, comme de la famille des ISRS, IRSNA, ou des tricycliques (je précise que je n'ai pas de liens d'intérêt avec l'industrie pharmaceutique). De plus, si les antidépresseurs ne suffisent pas, des traitements médicamenteux supplémentaires peuvent être envisagés, comme par exemple les antipsychotiques. Les psychotropes doivent toujours être administrés sous la supervision d'un professionnel de la santé afin d'ajuster le plan de soins.
Thérapie d'exposition et prévention de la réponse
La thérapie d'exposition et prévention de la réponse (TEPR) est une technique spécifique qui consiste à confronter les patients à leurs pensées de manière progressive et contrôlée, tout en leur demandant de se retenir d'exécuter leurs compulsions. Par exemple, un patient qui a peur des germes pourrait être amené à toucher un objet qu'il considère comme contaminé, tout en étant soutenu pour ne pas se laver les mains immédiatement après. Ce processus aide à réduire l'anxiété au fil du temps et à briser le cycle des compulsions. Cette thérapie requière du temps et de la patience. La clé du succès de la TEPR réside dans la répétition et la persévérance, car la désensibilisation se produit lentement.
Autres approches complémentaires
Outre les TCC et les médicaments, plusieurs approches complémentaires peuvent soutenir le traitement, comme la méditation et la pleine conscience. L'hypnose médicale permet de travailler la stabilisation émotionnelle et corporelle qui favorise la disponibilité pour pouvoir effectuer les expositions. Parfois, le TOC résiste aux traitement habituels et nécessite d'autres traitements : thérapie de groupe en hospitalisation de jour, stimulation magnétique transcrânienne, stimulation cérébrale profonde, etc. Ces traitements sont proposés en centres spécialisés.
Comment fonctionne la thérapie pour les TOC ?
Mécanismes de la thérapie cognitive
La thérapie cognitive repose sur le principe que les pensées irrationnelles et négatives peuvent influencer les émotions et les comportements des patients. En travaillant avec un thérapeute, les patients apprennent à identifier ces pensées dysfonctionnelles et à les remplacer par des croyances plus réalistes et positives. Cela implique souvent un examen minutieux des pensées obsessionnelles, afin de comprendre comment elles entraînent des réactions émotionnelles et des comportements compulsifs. Ce processus de restructuration cognitive permet aux patients de reprendre le contrôle de leurs pensées et de réduire leur anxiété.
Exemple : Il n'est pas utile de se dire "tout ira bien", comme une attente idéalisée, mais il vaut mieux remplacer les pensées négatives par des pensées positives réalistes, par exemple "jusqu'ici je n'ai jamais oublié le robinet ouvert !".
Ainsi, nous encourageons les gens à adopter une perspective plus équilibrée sur les pensées automatiques. En apprenant à évaluer la probabilité réelle des situations qu'ils craignent, ils peuvent commencer à voir que leurs pensées obsessionnelles sont souvent exagérées.
Rôle de la thérapie comportementale
La technique comportementale s'attaque directement aux comportements compulsifs qui renforcent les idées obsédantes. En s'engageant progressivement dans des situations qu'ils évitent habituellement, les patients peuvent commencer à désensibiliser leur réponse anxieuse. Cela signifie qu'ils apprennent à faire face à leurs peurs sans avoir recours à leurs rituels habituels.
Travail de thérapie à domicile
Augmenter la motivation au changement
Augmenter la motivation au changement est essentiel. Lors des séances de thérapie, les thérapeutes travaillent avec les individus pour établir des objectifs clairs et réalistes. En identifiant les raisons personnelles qui les poussent à chercher un traitement, les patients peuvent renforcer leur engagement envers le processus thérapeutique. Les exercices d'auto-réflexion et les journaux de bord peuvent également être des outils efficaces pour suivre les progrès et maintenir la motivation. Cela aide à créer un sentiment d'accomplissement, même face à des défis difficiles.
De plus, les thérapeutes peuvent encourager les patients à célébrer les petites victoires, qu'il s'agisse de résister à une compulsion ou de gérer une pensée obsessionnelle. En reconnaissant les progrès, même modestes, ils peuvent se sentir plus confiants dans leur capacité à surmonter leurs symptômes. Nous conseillons aux patients de la douceur et de la compassion envers soi-même, plutôt que de la culpabilité ou du jugement trop difficile de soi.
S'habituer à douter et gagner en flexibilité
S'habituer à douter et gagner en flexibilité est une compétence essentielle pour les patients souffrant de TOC. Les personnes atteintes de ce trouble ont souvent du mal à tolérer l'incertitude, ce qui peut exacerber leurs obsessions et leurs compulsions. La psychothérapie enseigne aux individus comment accepter le doute comme une partie normale de la vie. En outre, développer la flexibilité cognitive permet aux patients de modifier leurs schémas de pensée rigides. En apprenant à envisager différentes perspectives et à s'adapter aux changements, ils peuvent mieux gérer l'anxiété qui accompagne leurs obsessions. Cela nécessite souvent des exercices pratiques et des mises en situation, pour sortir de la zone de confort. Au fil du temps, cette approche renforce leur capacité à faire face à des situations imprévues sans recourir à des comportements compulsifs.
Comment consulter un spécialiste pour le trouble obsessionnel compulsif ?
Choisir un psychiatre ou un psychothérapeute
Choisir un psychiatre ou un psychothérapeute est une étape cruciale. Les patients peuvent commencer par demander des recommandations à leur médecin généraliste ou à des amis et à la famille. La relation avec le professionnel est primordiale, car elle peut avoir un impact significatif sur l'efficacité du traitement. Il est également important de vérifier les qualifications et les spécialisations du professionnel. Un psychiatre peut prescrire des médicaments, tandis qu'un psychothérapeute se concentrera principalement sur les approches psychologiques.
Examens et évaluations nécessaires
Lorsqu'un patient consulte un spécialiste pour un trouble obsessionnel compulsif, cela commence généralement par une évaluation clinique approfondie, où le professionnel de santé recueille des informations sur les symptômes, l'historique médical et les antécédents familiaux. Des questionnaires standardisés et des outils d'évaluation peuvent également être utilisés pour quantifier l'intensité des symptômes et leur impact sur la vie quotidienne du patient. En outre, il peut être nécessaire d'exclure d'autres conditions médicales ou psychiatriques qui pourraient interférer avec le diagnostic. Par conséquent, des tests supplémentaires peuvent être réalisés si le spécialiste le juge nécessaire.
Quelle est l'importance du soutien dans le traitement des TOC ?
Rôle de la famille et des amis
Le soutien de la famille et des amis est crucial dans le soin des troubles obsessionnels compulsifs. Les proches peuvent jouer un rôle essentiel en offrant une écoute attentive, et une compréhension, tout en accompagnant la personne dans la technique d'exposition. Forcément, les rituels vont impacter négativement la vie de famille, et entraîner du stress sur toute la famille. Cependant, des conseils simples peuvent rendre grand service pour les proches :
Adopter une position non jugeante, non culpabilisante
Comprendre que ce caractère irrationnel est aussi incontrôlable
Rassurer la personne que la relation est maintenue malgré les difficultés, et accueillir la vulnérabilité et l'imperfection
Soutenir et accompagner les expositions, par exemple laisser la personne faire son rituel une fois ou deux, puis lui dire "Non, arrête, si tu peux, évite de le refaire !".
repérer vos propres réflexes qui ont tendance à renforcer le rituel chez l'autre, et les faire moins souvent
repérer ce que vous faites qui aide, et le faire davantage
Pour en savoir plus
Anne-Hélène Clair, Vincent Trybou, Christophe Demonfaucon, Elie Hantouche, Luc Mallet et al., "Comprendre et traiter les TOC", 3e édition, Dunod, 2022